Vivons d’éternité, vivons tout court.

Belle interrogation que je partage avec certains, dont mes amis du temps de Violence et Paix, celui de nos 20 ans où nous expérimentions la « non-violence » au quotidien.

La question est plus que théologique : certes, nos religions occidentale font la part belle à l’éternité « après la mort », ce qui nous a permis de développer de notre vivant un « progrès » technique et commercial, sans trop de questionnements à court terme. L’aboutissement de cette croissance en comportement financiarisé, confronté au temps et à la mode du durable, redonne tout son intérêt à cette notion. De plus, la cohabitation avec d’autres culture où l’humain occupe une place moins centrale, me conforte dans l’idée qu’il est plus qu’utile de changer de référentiel : si vous étiez une vigne, avec des gènes vieux de quelques centaines de millions d’années, quelle serait votre regard sur des pratiques d’un millénaire voire de quelques décennies ?

 

 

Vins d’Alsace ou vins alsaciens ?

C’est à l’occasion d’une intervention en anglais que j’ai pu me rendre compte que la traduction de vins d’Alsace était Alsace Wines et non alsatian wines. La notion d’AOC/AOP, visiblement difficile à maintenir « up to date », s’accroche à notre dernier retour vers la France et reste bien centralisée, formatée, quand bien même on nous dit que ce sont les vignerons alsaciens qui décident. Mais qu’avaient-ils à dire en 1945 et surtout comment se défaire de l’infantilisation docile dans laquelle nous semblons nous complaire. La psychanalyse du vin d’Alsace reste à écrire !

au XII ème siècle, en Alsace
au XII ème siècle, en Alsace

Quelles évolutions pour nos vins d’Alsace ?

Elles seront davantage plurielles que jusqu’alors. Alors que la concentration des moyens de vinification/commercialisation se poursuit, la voie/voix dominante se démarque de plus en plus d’autres approches, certes plus isolées et confidentielles, dont la nôtre.

Nous partageons notre volonté de vivre au plus près de nos terroirs avec la trentaine de vignerons qui construisent la charte Vinabio, en transparence et diversité. Alors que la famille des vins biologiques s’agrandit, avec à sa disposition de nombreux moyens plutôt éloignés de la notion de terroir (guano bio du Chili, phosphates de Tunisie, bientôt désherbants bio ?, nombreuses techniques industrielles de cave, …) et encore plus du vivant (que restera-t-il de la parole du vivant, du bio-logos, que feront-nous lui dire ?), il devient presque anormal de vouloir faire naître des vins à partir de simples raisins, mûrs ou sur-mûris, sans ajouts ni retraits en cave.

L’idée du vin bien fabriqué, même à partir de raisins plus ou moins intéressants, bio ou non, reste le critère dominant de réussite, voire de plaisir à partager.

Notre quête reste donc une voie étroite que nous partageons volontiers, entre balade dans les terroirs, visites et dégustations techniques ou ludiques, accords mets-vins comme celui autour des plantes sauvages de nos vignes, à l’occasion de l’apéro gourmand le 7 mai dernier : plantain et consoude (surtout dans le Rothstein), poireau sauvages (Bruch, Obermuehl), ficaire (Dionysiuskapelle), dernières orties perdues dans les talus, pointes de houblon suavages et lierre terrestre (Buehl), tout juste arrivées les fleurs de sureau, viendront les fraises des bois et … les raisins épargnés par les gelées tardives et la grêle.

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Nos interrogations à partager restent nombreuses, je les livre en vrac en quelques paragraphes. Si vous souhaitez approfondir l’une d’elles, n’hésitez pas à nous écrire ou à construire un temps de rencontre à Wolxheim ou dans votre cercle (nous nous déplaçons ou mettons à profit nos pérégrinations pour caler des dates opportunes).

Entre conférences, dégustations commentées, échanges informels, chaque rencontre ou explication est pour nous un apprentissage supplémentaire, sans compter l’effet papillon que nous cultivons à souhait.