Printemps, été, automne 2025 : continuités et cohérences

A la différence de 2024, principalement pluvieux, le millésime 2025 a été particulièrement contrasté pour les vignes et les vignerons.

Côté vignes, entre 2 périodes sèches et chaudes, deux épisodes pluvieux, nos sols vivants ont leur ont permis d’accomplir les 2 temps de leur cycle, de croissance végétative et de maturation des raisin. Pression quasi nulle du côté des maladies cryptogamiques : des parcelles non traitées s’en sont tirées sans trop de différences avec celles qui ont été assistées avec un peu de cuivre, de soufre ou de bicarbonate.

 

Côté vignerons, après une année 2024 au rendement exceptionnellement bas (5 hl/ha en moyenne), 2025 renoue avec des rendements et des qualités connues. Les fermentations spontanées sont en cours et se déroulent plutôt harmonieusement. Les vendanges « entre les gouttes » sont un peu plus chahutées. Les non-rognages et non-effeuillages, ni gavages par travail du sol, fauchages ou autre technique perturbatrice du milieu et de la physiologie de la vigne, ont abouti à des arrêt végétatifs spontanés, dès la fin août. Restait à cueillir les raisins à maturité, pépins bruns et libres, peaux prêtes à s’ouvrir. Les vignes les plus âgées, celles dont les implantations atteignent un point d’équilibre, n’ont pas posé de difficultés de tri. Reste dans notre approche le travail de préparation des parcelles, pour accéder aux raisins, avec une équipe de vendangeurs certes motivée et courageuse.

 

Quelles sont les leçons à retenir des ces 2 années qui ne se ressemblent guère ?

 

 

Lorsque, comme en 2024, la vigne n’est pas en mesure de mûrir et protéger l’intégralité de ses fruits, lorsqu’elle est contrainte d’abandonner une partie de ses baies aux champignons qui ont la partie belle, le rendement très faible correspond néanmoins à ce qu’elle a pu féconder, quitte à n’obtenir que quelques pépins aptes à germer par grappe entourés d’un jus rétributif sain et concentré. L’équilibre des rares vins obtenus reste celui de du raisin mûr de l’année. Au vigneron de s’adapter économiquement, notamment en puisant dans les stocks des années antérieures. Aux clients d’accepter une gamme plus réduite, des vins un peu plus maliques mais salins, sans un peu moins stables qu’à l’accoutumée. L’humain « com-patit » avec le non-humain.

 

2025 reste à écouter et découvrir. Le temps long reste de mise pour les 2 parties : nous nous attendions à une récolte plus forte dans nos vignes, suite à une année 2024 dont les pluies ont permis de faire des réserves dans nos sols et dans les sarments. La sécheresse printanière a largement limité la pression tant des champignons que des insectes. 5-7 ans représentent une échelle de temps plus adaptée à notre activité certes annuelle mais sujettes à des variations brutales et fortes.

         

Au final, nos vins vivants nous naissent en cohérence et en continuité avec nos paysages, leurs habitants, leurs capacités d’adaptation, les possibilités de nos vignes d’accomplir leurs fructifications et maturations. L’humain, des 2 côté du verre, est également un vivant, dont les sens sont stimulés par  nos vins : ouïe, odorat, vue, toucher de bouche, saveurs … à décoder par nos cerveaux à la fois formatés par des goûts appauvris par les nombreuses techniques agronomiques et œnologiques encore couramment utilisées mais encore toujours en mesure de d’écoute et de décoder, salivations à l’appui, des molécules et équilibres du vivant façonnés par des vignes libres .

 

 

Le sens du mot vin s’entend d’un fruit, d’un aliment, fondations sans lesquelles il nous semble difficile de parler d’une boisson humaine. Le nexus biodiversité-climat- eau-alimentation-santé, a plus que jamais vocation à nous questionner dans nos choix et nos pratiques. La piste que nous expérimentons est faite de pédagogie, de rencontres et de partages. Merci à vous tous pour vos nombreuses et enrichissantes contributions : visites, échanges, témoignages, partage de nos vins.