Notre Organisme de Défense et de Gestion des Appellations de Vins d’Alsace AVA ODG vient à nouveau – la dernière fois c’était en 2013 – de nous mettre en demeure de faucher/rogner nos vignes, dans “notre intérêt et celui de la qualité des raisins que nous produisons”. De 2001 à 2007, il nous a fallu 5 à 7 années de, non apport pas même de compost, non travail du sol, non fauchage avant les vendanges, pour voir revenir bulbes, orchidées, fabacées, ombellifères, papillons, araignées, lézard, bruant, huppe, chauve-souris, lièvres, chevreuils, ….et toute la chaîne du vivant, terroir par terroir.
Si il y a 5 ans le mot biodiversité n’avait encore que peu d’écho, en 2018, les interventions, études, avertissements, lancés de partout, sont suffisamment présents pour ne plus ignorer l’intérêt voire l’urgence de la modification de nos pratiques pour la préserver. De nombreux travaux universitaires, en Italie, au Portugal, portent sur l’intérêt de la biodiversité, notamment et paradoxalement en zones sèches. Les conséquences climatiques et sanitaires de sa perte sont reconnues.
Une tribune récente publiée il y a peu par Yvon Le MAHO, académicien des sciences, qui nous soutient depuis de nombreuses années dans notre démarche, en rappelle l’urgence. Plus simplement, tout le monde peut comprendre que pour qu’il y ait des insectes, il faut des plantes, des fleurs, un sol vivant… Il ne suffit pas de ne pas utiliser d’insecticides… Faucher, travailler le sol, restent des perturbations majeures des écosystèmes, inutilement coûteuses et contre-productives à l’échelle du temps long, celui de la vigne et des cultures pérennes. L’absence de ces mécanismes simples, efficaces car “mis au point” depuis des millions d’années, conduit l’humain à trouver des expédients à très court terme : pesticides qui tuent les sols et polluent les réserves d’eau potable, fertilisants apportés qui gavent et fragilisent la plante cultivée.
Pour nous, une fois de plus, en 2018, le couple biodiversité/physiologie de la vigne-ligne a bien fonctionné : pour ne pas l’avoir perturbé, nos raisins sont logiquement mûrs, certes précocement après une floraison/fécondation de la vigne fin mai. Des mesures de température du sol, au mois de juillet, ont largement confirmé l’intérêt d’un couvert et d’un sol vivant : à 15 cm de profond, plus de 10°C d’écart entre nos parcelles et des parcelles voisines, désherbées ou travaillées, même à 23h. L’absence d’arrêt physiologique par stress hydrique ou surcharge en raisins, l’effet parasol des branches non rognées, la photosynthèse et la protection des raisins par les feuilles non arrachées, en proportion de la charge, nous permettent de cueillir de beaux raisins, mûrs et sains. Nous avons déjà rentré les chardonnay, muscat, sylvaner Dionysiusikapelle, auxerrois et auxerrois Horn et les premiers pinots noirs.
Le constat a eu lieu au début du mois d’août, alors que la chaleur et la sécheresse étaient au plus haut. Il aurait été totalement déplacé de faucher/rogner à ce stade de la vigne. Ce serait donc un non-sens d’y renoncer, pour se conformer à une règle qui serait inscrite dans les cahiers des charges des nos appellations. En réalité, on nous reprocherait sans doute d’un défaut d’entretien qui n’a pourtant rien à voir avec nos pratiques et nos rendements. Si une amélioration des cahiers des charges des AOC devait intervenir pour prendre en compte la cohérence des pratiques viticoles, il conviendrait sans doute d’introduire, en regard de l’exigence de biodiversité, un manquement pour excès d’entretien…
Parallèlement à la réponse au courrier de AVA ODG, qui nous laisse un délai de 15 jours avant de ?, nous souhaitons mettre à profit cette erreur de casting pour tirer la sonnette d’alarme en organisant un dimanche “portes-ouvertes” autour de nos raisins.
Dimanche 16 septembre 2018 : Porte-ouverte chez LISSNER avec 2 petits ateliers pédagogiques.
le matin 10h-12h et l’après-midi 16h-18h : visite de vignes, dégustation de raisins et de vin nouveau + pains et fromages bio inscription possible en ligne – rdv à la chapelle St Denis.
accueil non stop au 16 rue de Strasbourg : diaporama, pétition, dégustation de raisins et de vin nouveau + pains et fromages bio
Vous avez la possibilité confirmer votre venue ici.
Le délai est très court ; la lettre vient d’arriver il y a 3 jours et les maturités progressent rapidement. D’ici 2 semaines il ne restera plus trop de raisins à vendanger.
Vous pouvez nous soutenir de plusieurs manière : en diffusant cet article le plus largement dans vos cercles, en déposant un commentaire au bas de cet article ou sur notre page facebook, en faisant un saut dimanche prochain, 16 septembre, pour voir et goûter les “raisins de la biodiversité”.
Dans tous les cas, merci pour votre soutien, à pied, à cheval, par mail, SMS, dessin ou musique !