Tout dégustateur qui se respecte a travaillé un jour les 5 sens qui lui permette d’approcher le vin.
Qu’en est-il de la vigne ? Ne serait-il pas cohérent d’utiliser également nos sens pour approcher la vie de cette plante indigène en Alsace ? L’été s’y prête tout particulièrement.
La vue : après l’explosion florale du printemps, ce sont les dernière fleur de l’été : le blanc domine au milieu de la forêt verte : carottes sauvages et autres ombellifères, boules de gypsophile, dernières composées, et de temps en temps une coronille ou un poix de senteur qui refleurit et colore la palette
la vigne qui se plaît au beau milieu de la végétation, est d’un vert lumineux, agite ses rameaux à la moindre brise ou au contraire protège ses raisin à l’ombre de ses feuilles. Elle est à son aise dans cette chaleur et lumière puisque ses racines sont au frais…
L’odorat : dernières senteurs de mélilot, fragrance d’origan ou de serpolet que l’on écrase en marchant – déjà bien loin, la floraison de la vigne faisant règner un parfum très facile à identifier
Le toucher : c’est la saison où nous tenons/caressons, le plus la vigne : le tressage des rameaux est long, en ârtie mécanisé, mais une fois terminé le palissage mécanique, c’est chaque pied que nous visitons pour aider la vigne à s’accrocher, à protéger ses rameaux
le toucher des feuilles est particulièrement éloquent : cutilcule cirée, feuille bien tendues, branches déjà solide, avec très peu de moelle, un bois qui durcit rapidement
L’ouie : depuis plusieurs années, c’est une vraie découverte, : les nombreux insectes qui visitent les plantes animent un bourdonnement continu ; au soir ce sont les grillons et autres sauterelles qui prennent le relai
10m plus loin, dans les vignes fauchées, c’est Waterloo morne plaine : pas de fleurs, pas d’insercte, pas d’insectivores, pas d’oiseaux ; circulez il n’y a rien à voir ni à manger
sans parler des graines déjà bien sèches qui agitent leur grelot dans les gousses de pois sauvages
l’enregistrement reste à mettre en ligne…
Le goût : bien sûr l’automne sera la saison phare : la dégustation des raisins, peaux & pépins bien mâchés, permet de trouver le bon moment où le raisin est mûr
mais combien d’herbes (poireaux, ciboulette, fraises sauvages, mûres ou pêchers plantés dans les talus,…) permettent de retrouver le goût mûri par chaque recoin de nos collines
Alors, le sens de la vie, comme celui de la vigne et du vin, que nous percevons avec nos moyens d’humain, peut-il se passer de cohérences et de complexité ?
Bel été, en pleine biodiversité !